Synthèse et rapport national 2009

L'observatoire conchylicole a été mis en place en 2009 dans le but d'avoir une représentation nationale de l'évolution spatio-temporelle de la crise des surmortalités de naissain de Crassostrea gigas qui a touché l'ensemble des bassins ostréicoles français.
La mise en œuvre cet l'observatoire s'appuie sur des sites-ateliers répartis dans les principaux bassins producteurs d’huîtres creuses sur les côtes de l'Atlantique, de la Manche et de la Méditerranée. L'observatoire conchylicole a ainsi réalisé, sur 13 sites ateliers, le suivi de lots sentinelles d'huîtres creuses Crassostrea gigas caractéristiques de la production française. Ces lots sentinelles constituent un échantillon de chacune des populations utilisées. Cependant, la variabilité importante existant à l'intérieur de chacune de ces populations ne permet pas d'attribuer telle ou telle propriété à une quelconque origine de cheptel, au vu des performances des lots sentinelles utilisés dans l'observatoire.

Le rapport national 2009 est téléchargeable ici:

 

Principaux faits marquants

L'observatoire mis en place en 2009 a permis de vérifier le caractère national du phénomène des mortalités de "Crassostrea gigas" en 2009, son évolution géographique du sud vers le nord et sa relation avec la température. Les enregistrements haute fréquence ont montré que l'apparition des mortalités a été liée, sur l'ensemble des bassins français, à une montée brutale en température liée au franchissement d’un seuil thermique situé autour de 16-17 °C. Il a également montré le caractère brutal, et relativement limité dans le temps des épisodes de mortalités. Ces mortalités se sont majoritairement produites en une seule vague, même si certains sites ont présenté un rebond de mortalité en fin d'été.
Le taux de mortalité moyen constaté chez les juvéniles de moins d'un an (toutes ploïdies confondues) est de 54 % avec des variations régionales s'échelonnant de 34 % à 80 %.
La présence du virus OsHV-1 a été détectée dans tous les lots de l'observatoire, alors que les bactéries "V. splendidus" et "V. aesturianus" ne l'ont été respectivement que sur 3 et 1 échantillon. Le génotype OsHV-1 µvar a été retrouvé en 2009 dans la totalité des échantillons ayant fait l’objet d’une analyse complémentaire par séquençage. Ceci confirme le rôle prépondérant joué par ce virus OsHV-1 dans les épisodes de mortalités de 2009.

 

Évolution du phénomène 2009 sur les côtes françaises

Les mortalités d’huîtres creuses Crassostrea gigas ont démarré brutalement début mai 2009 en Méditerranée et ont touché progressivement les autres bassins ostréicoles de la façade Atlantique courant mai selon une progression du Sud vers le Nord. Le 25 mai, les sites du bassin d'Arcachon et de Marennes Oléron étaient touchés, suivis par les sites des Pays de Loire et de Bretagne sud dans la première décade du mois de juin. Le phénomène est apparu en Manche aux alentours du 20 juin (d’abord sur la Côte Ouest Cotentin, puis en Baie du Mont Saint Michel), puis fin juin - début juillet en Baie des Veys et sur Morlaix (sites plus frais). Enfin, à la mi-juillet, les mortalités ont démarré sur le dernier site épargné jusqu’alors : le site en eau profonde de la Baie de Quiberon. Sur ce site, ainsi qu’en Baie des Veys et sur quelques autres sites pour certains lots, les mortalités ont progressé jusqu'en fin d'été.

La cinétique des mortalités se caractérise sur l'ensemble des sites par un phénomène brutal, de courte durée, et synchrone pour l'ensemble des lots présents sur le même site. La première vague de mortalité est apparue lors d'une période de montée rapide des températures à partir d'un seuil aux alentours de 16-17 °C.

 

Taux de mortalité

L'examen des résultats doit être replacé dans l'objectif de l'observatoire de pouvoir disposer d'une vision nationale de l'évolution des performances de différents lots d'huîtres dans les différents bassins conchylicoles français. Cet objectif exclut la comparaison de ces lots entre eux. Il est en effet rappelé que l'attribution de propriétés spécifiques à telle ou telle origine de naissain, et en particulier d'une quelconque supériorité éventuelle de l'une ou de l'autre, est illusoire au vu de la variabilité importante pouvant exister à l'intérieur même de chacun des groupes du fait de la diversité de leur parcours zootechnique.

Le taux de mortalité moyen constaté chez les juvéniles de moins d'un an (toutes ploïdies confondues) est de 54 % avec des variations régionales s'échelonnant de près de 80 % en Méditerranée (étang de Thau) à 34 % en Normandie (baie des Veys). Le site d'élevage en eau profonde de la baie de Quiberon présente également des mortalités faibles de l'ordre de 34 %.

  Avec une moyenne sur l'ensemble des sites de 71 % [42-100 %] de mortalité cumulée, l'échantillon du lot de naissain triploïde suivi dans le cadre de l'observatoire a subi une mortalité proche des valeurs déclarées par les professionnels et constatées sur le terrain. Avec une mortalité moyenne de 35 % [23-60 %], l'échantillon du lot de naissain de captage présente des taux de mortalité qui sont inférieurs à ceux relevés dans les élevages professionnels.

 On rappelle que ce lot ne constitue qu'un échantillon de naissain de captage, et qu'il est illusoire de vouloir attribuer une quelconque supériorité à ce type de naissain au vu des performances de ce seul lot. Les constats professionnels ne relèvent pas de différence significative entre les deux types de naissain.
 Ces résultats dénotent une caractéristique liée au parcours zootechnique du lot particulier de captage, et suggèrent notamment un impact probable de l'épisode de mortalité 2008 subi lors du captage, ayant conduit à une sélection d'individus qui se sont avérés moins sensibles à l'épisode 2009.
 Parmi les facteurs influençant l'expression de la mortalité, la date de captage en année N, et la mortalité déjà subie à cette époque de sa vie, est susceptible d'influencer le comportement du naissain en année N+1, par sélection des individus les plus résistants. L'influence du parcours zootechnique est tout aussi important pour des juvéniles produits en milieu contrôlé.

En tout état de cause, les pics de mortalités des lots triploïdes et de captage apparaissent nettement synchrones, au moins pour les façades Méditerranée et Atlantique. Les deux types de cheptels apparaissent en revanche plus déconnectés en Manche.

Le lot Adulte présente en 2009 une mortalité moyenne de 30.8 % [19 – 49 %]. Ce lot a subi une mortalité régulière depuis sa mise sur les sites au mois de mars, sans présenter les pics de mortalités associés au naissain.

 

Recherche des pathogènes

 Des prélèvements ont été effectués sur l'ensemble des stations de l'observatoire à des fins d'analyse dans le cadre du réseau de pathologie des mollusques REPAMO, lors des pics de mortalité. Le bilan de ces analyses fait état de présence d'herpesvirus OsHV-1 dans 16 des 17 échantillons analysés. La souche bactérienne Vibrio aesturianus n'a été retrouvée que sur 1 seul échantillon, et Vibrio splendidus l'a été dans 3 d'entre eux. Aucune bactérie identifiée comme appartenant à l'espèce Vibrio tubiashii n'a été détectée.
 Un génotype particulier du virus OsHV-1 (dénommé OsHV-1 µvar) a été retrouvé en 2009 dans la totalité des échantillons ayant fait l’objet d’une analyse complémentaire par séquençage. Ce même génotype avait été détecté dans 47 % des échantillons en 2008.