Synthèse et rapport national 2020

Plus les suivis liés à la reproduction et au recrutement (réseau VELYGER), il ressort pour l’année 2020, les faits marquants suivants. Sur le plan des facteurs environnementaux, l’année 2020 est au premier rang des années les plus chaudes sur notre territoire depuis 1900. Elle se caractérise, à l'exception du printemps, par des températures toujours au-dessus des normales quasiment tout au long de l'année et par un très fort contraste au niveau pluviométrique, avec un premier et un dernier trimestre très pluvieux. Au plan biologique, ces conditions hydro-climatiques générales ont eu comme principales répercutions : (1) une croissance printanière et une maturation dans les normales corrélativement à la concentration en phytoplancton, (2) une ponte principale dans les normales liées à l'absence d'anomalies thermiques en début d’été puis (3) un développement larvaire lui aussi plutôt normal à l'exception de certains secteurs. En conséquence, l’année 2020, à quelques exceptions près, se caractérise par un captage plutôt modéré. Localement il s'est avéré un peu faible (Secteur Charente) ou plutôt fort lié à un recrutement tardif (Bassin d'Arcachon). Sur le long terme, le réseau VELYGER, a permis de cerner depuis 10 ans les grandes causes de variations du recrutement de l'huître creuse en France. Elles sont rappelées brièvement ici :

Pour la Rade de Brest (mais aussi la Baie de Vilaine), le facteur limitant du recrutement réside principalement dans la température estivale, une température de l’eau supérieure à 21°C en août assure un recrutement fort.
• Pour la Baie de Bourgneuf, ce constat est aussi valable, mais ce site présente en outre des temps de résidence des masses d’eau assez courts, ce qui augmente les risques de dispersion larvaire et de faible recrutement en cas de conditions hydroclimatiques défavorables.
• A l’inverse, les Pertuis Charentais, et surtout le secteur Charente, bénéficie d’une circulation hydrodynamique favorable à la rétention des larves et le recrutement y est généralement modéré. Les bancs sauvages situés en amont, plus au nord, sont à préserver.
• Pour le Bassin d’Arcachon, la fécondité plus restreinte, le décalage progressif de la date de ponte, une évolution dans la localisation des bancs de géniteurs, des pressions anthropiques accrues font partie des causes avancées pour expliquer l'augmentation de la variabilité du recrutement. Dans cette configuration actuelle, seuls les étés chauds garantissent un bon recrutement.
• Pour la Lagune de Thau, bien que la fécondité soit faible (en lien avec une faible concentration en phytoplancton), les températures estivales et les temps de résidence des masses d’eau très élevés garantissent de très fortes abondances larvaires. Le succès du recrutement reste lié, dans cet écosystème sans marée, à l’optimisation des pratiques zootechniques nécessairement spécifiques.